La vieille olivette

"On va dans l'olivette pour oublier la vie ou pour la retrouver" (Jean GIONO)

C 'est cette double fonction que ce coin de terre a joué pour moi dans l'intimité de mon parcours.

J 'ai passé là des journées de labeur à dégager des plants d 'oliviers envahis de genéts. Des arbres que des gens de mon village m'ont transmis en héritage et que je reçois comme un maillon de solidarité humaine, sur un fil d'éternité. En les faisant renaître d’un manteau de fleurs jaunes, je leur confiait le soin de se remettre à l'ouvrage, dans la fidélité au projet initial de ceux qui m’ont précédé.

Ces arbres sont presque tous régénérés, vainqueurs à travers les jours et les saisons de multiples adversités: le feu, le froid, l'indifférence de l'un ou l'autre de leurs éphémères propriétaires.

Témoins des générations passées, ils évoquent pour moi les efforts de ceux qui, la pioche à la main, le visage ruisselant sous l'effort, confiaient à l'arbre le soin de les nourrir.

La variété dominante ici c'est l’olivière, installée des I'origine du verger. Remarquable par la régularité de ses récoltes, ce choix témoigne du savoir faire, de la connaissance et de la maîtrise de cette résultante complexe qui conditionne pour chaque végétal l'adaptation au sol qui le porte, son exposition et les caprices des saisons.

J 'ai tenté par greffage d'installer de la lucque sans jamais obtenir les mêmes performances.

C‘est la parmi d'autres, comme une leçon de respect et d'humilité que l'olivier n'en finit pas de nous donner !

Michel Brengues